Samedi 6 janvier 2024

Mon texte d’aujourd’hui sera un peu plus privé que ce que je publie habituellement ici. Je ne sais pas si c’est approprié ou non, mais l’année qui vient de s’écouler me préoccupe beaucoup. Elle m’a secouée, j’avais parfois l’impression d’être dans un shaker à cocktails. En 2023, j’ai souvent eu le cœur brisé. J’ai connu une douleur très particulière. J’ai appris à vivre avec elle.
Quelque chose s’est passé en 2023. Une grotte de ténèbres s’est ouverte sous mon jour et la nuit est devenue un cratère sans sommeil. Une déception abyssale s’est répandue dans ma vie et la foi en l’amour a disparu à jamais. Il y a eu un temps avant, et puis il y a eu un temps après. Je ne pourrai jamais retrouver le chemin de la confiance, et encore moins celui du rêve romantique. C’est comme si les arbres avaient brûlé, qu’une sécheresse avait ravagé le paysage et que les rivières s’étaient asséchées. Comme si une apocalypse biblique avait détruit l’espace vital et privé l’air d’oxygène.

Pourquoi est-il si long de surmonter le deuil ? Peut-on un jour laisser la douleur derrière soi ou est-elle encastrée dans chaque structure cellulaire, comme l’ADN, et mute-t-elle tout au long de la vie ? Pourquoi ne puis-je pas effacer les blessures du cœur comme un vulgaire mot ? Les gens blessent les gens, surtout quand ils s’aiment. Les mots sont prononcés et l’acte est fait. Est-ce que je suis rancunier et obstiné, est-ce que je ne peux tout simplement pas pardonner ?
Pablo Neruda a écrit : « L’amour est court, mais l’oubli dure des éternités ». Poème numéro 20 de ses poèmes d’amour, « le poème le plus triste ».

Le plancher en bois de la plus grande des deux pièces de mon appartement était dur et froid lorsque je me suis affaissé dans la douleur et que je l’ai palpé avec les mains pour m’assurer que le sol n’avait pas disparu. Mes muscles se crispèrent en d’étranges poussées au cours des nuits d’insomnie qui suivirent, comme si mon corps voulait expulser le désespoir en spasmes. Je ne me connaissais presque plus. Y avait-il un lendemain ? Je ne pouvais pas résister à l’attraction des profondeurs. Les repas perdaient leur saveur et le vide dans mon estomac me devenait familier. Comment pouvais-je échapper à la réalité ? En quoi pouvais-je encore croire ? Dans ces moments-là, j’aurais voulu pouvoir parler à ma mère, mais elle n’était pas maternelle, ne l’avait jamais été, et n’était donc pas un interlocuteur pour moi. Je savais qu’il me faudrait beaucoup de temps pour reconstruire ma vie et retrouver mon sourire.

Damien Maurin_10

Nous avons beaucoup parlé, et dans les mois qui ont suivi, mon partenaire a répondu à des centaines, voire des milliers de questions de ma part, certaines en double ou en triple. Il s’empêtrait dans des contradictions, ma méfiance était tour à tour apaisée et alimentée. Les jours de calme étaient suivis de jours de révolte. Dans ma perplexité, je fouillais son téléphone portable à la recherche de réponses, ne créant ainsi que de nouvelles questions. Je me détestais pour ce que j’avais fait. J’étais tellement à côté de mes pompes que j’ai envoyé un SMS à l’homme de Bâle avec lequel il m’avait trompé. Celui-ci m’a répondu qu’il n’était pas responsable de mon échec, ce en quoi il avait bien sûr raison. J’ai vécu la majeure partie de la douleur seul, car contrairement au bonheur, la douleur ne peut pas être partagée. En fin de compte, on est toujours seul dans son chagrin. On ne nous prépare pas à cela, ni à la vie, ni à la souffrance. Comment le pourrait-on ? Il n’y a pratiquement rien qui soit géré de manière plus individuelle. Les rituels, les règles, les conseils ne servent à rien.
Après nos discussions de mars et d’avril, qui ont été atrocement douloureuses et nous ont tous deux démoralisés, mon partenaire m’a dit qu’il avait changé et que je devais le croire. J’ai essayé. Nous avons continué à parler. Nous nous sommes rapprochés. Puis un hasard stupide a mis en lumière une nouvelle trahison. C’était en novembre. Mon alarme s’est déclenchée, je n’entendais presque plus rien, je respirais à peine.
Récemment, j’ai lu un article sur la micro triche. Si j’en crois ce qui y est écrit, il y a eu et il y a encore dans ma relation, en plus de la tromperie « proprement dite », les six formes de micro-tricherie. L’article dit ceci : « Mais encore une fois, qui voudrait être dans une relation avec une personne qui :

  1. Passe beaucoup de temps à scruter et à enquêter sur les comptes de médias sociaux d’une personne en particulier.
  2. Envoie à quelqu’un d’autre des messages réconfortants remplis d’émojis d’amour
  3. Nie avoir une petite amie/un petit ami
  4. A ce quelqu’un en particulier sous un nom de code dans son téléphone
  5. Reste en contact avec son ex ou voit son ex derrière votre dos
  6. Se confie à quelqu’un d’extérieur à votre relation sur des choses qui devraient rester privées ou réservées aux oreilles de votre partenaire. »

Vous voyez, je réfléchis beaucoup. Je lis peut-être trop. Je pleure certainement trop.
J’aime. Je désire. Je veux passer ma vie avec cet homme.
Nous parlons à nouveau, nous nous rapprochons à nouveau. J’espère et je supplie que nous ne soyons pas dans un cycle qui se répète encore et encore.
J’ai peur. J’aime. Je désire. Je veux.
Merci de l’avoir lu,

André

One thought on “Samedi 6 janvier 2024

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